En attirant Tobias Harris dans ses rangs début février, les Sixers de Philadelphie passent à la vitesse supérieure dans l’optique d’un titre NBA. Un transfert quelque peu risqué, à l’image de l’acquisition de Jimmy Butler en début de saison.
On répète à tort et à raison que « tout va très vite » dans le sport de haut niveau. Difficile de trouver au cours de l’histoire récente une équipe qui illustre mieux cet adage que les Sixers. En 2015-2016, la franchise de Pennsylvanie était moquée, elle et son bilan de 10 victoires pour 72 défaites. Deux ans plus tard, elle jouait le rôle d’épouvantail au milieu de la conférence Est. Le projet construit autour de Joel Embiid (24 ans) et Ben Simmons (22 ans) prenait place, le pivot camerounais répétant qu’il fallait « trust the process ». Après l’élimination au deuxième tour des playoffs par les Boston Celtics (4-1), la patience semblait nécessaire. Mais voilà que les dirigeants appuient sur l’accélérateur à coups d’échanges blockbusters.
Harris plus facile à intégrer que Butler ?
Petit rappel : le 6 février 2019, les Sixers envoient Wilson Chandler, Landry Shamet et Mike Muscala aux Los Angeles Clippers et récupèrent Tobias Harris, Boban Marjanovic et Mike Scott. L’objectif majeur de cet échange saute aux yeux : renforcer le cinq majeur au travers d’un joueur de niveau All-Star. Il ne fait aucun doute que les Sixers sont gagnants de ce trade sur le court terme (on parlera du long terme par la suite) et répondent aux Milwaukee Bucks qui ont attiré Nikola Mirotic, ou aux Toronto Raptors qui ont acquis Marc Gasol. Mais empiler les stars implique-t-il nécessairement une progression de l’équipe ?
Il est tentant de comparer l’arrivée de Tobias Harris avec celle de Jimmy Butler. Les joueurs aussi, de par leur poste et leur bagage offensif, bien que Butler s’impose comme un meilleur défenseur. Cependant, le contraste survient dans l’image et le caractère. Tandis que l’un sème la zizanie chez les Minnesota Timberwolves, l’autre s’adapte idéalement au sein de chacune de ses nouvelles franchises (Magic, Pistons, Clippers). Sur les premiers matches, l’intégration d’Harris a semblé naturelle dans le partage du ballon et la répartition des minutes. Le numéro 33 s’avère être un renfort de poids en vue du cap ultime que les Sixers rêvent de franchir. Un autre avantage est que le coach des Sixers, Brett Brown, connaît désormais ce genre de situation. D’autant plus que Joel Embiid ne s’était pas privé de souligner la mauvaise utilisation de sa personne en décembre dernier, sous-entendant que l’acclimatation de Butler sur le parquet n’était pas encore parfaite. Oui, il est bon de multiplier les stars. Sauf si leurs egos débordent du vestiaire.
Un trio Simmons – Harris – Embiid envisageable à l’avenir
En regardant plus loin, on s’aperçoit que l’été s’annonce chaud au cœur la ville de l’amour fraternel. En effet, le contrat de Tobias Harris expire au terme de la saison, tout comme celui du sniper incontournable JJ Redick. Plusieurs remplaçants sont aussi concernés. Enfin, Jimmy Butler aura à choisir entre activer l’année supplémentaire de son contrat (20M$) ou passer agent libre. Ajoutez à cela le fait que Ben Simmons devra être prolongé* l’an prochain, avec un salaire sensiblement élevé. Les Sixers risquent donc de se retrouver à la peine s’ils souhaitent conserver tout ce beau monde et devront sélectionner les plus intéressants. En étant agressive sur le marché, la franchise a mis en péril l’équilibre du projet, malgré que ce dernier puisse atteindre les sommets dès cette saison. Une élimination en demi-finales de conférence Est serait une immense déception, avec l’éventualité d’une explosion du groupe, ou au moins du cerveau de Jimmy Butler.
Néanmoins, les Sixers ont potentiellement mis une option sur Tobias Harris (26 ans), qui entre dans la force de l’âge. En cas de départ de Butler, l’équipe peut espérer construire autour d’un big three cohérent : Simmons – Harris – Embiid. Elle regrettera possiblement d’avoir sacrifié aussi vite le rookie Landry Shamet, dont les 41 % à 3pts constituaient déjà un apport significatif en sortie de banc. Cela étant, la venue de Tobias peut également devenir un atout sur le long terme. Mais ceci dépendra totalement du parcours en playoffs de la gestion de l’été des Sixers.
*Ben Simmons sera payé 8M$ en 2019-2020, puis il disposera d’une qualifying offer (option d’une année supplémentaire qu’il peut décider d’activer ou non) à 10M$. Il est peu probable qu’un joueur de son calibre, pouvant prétendre à un gros salaire, fasse un tel choix.