Karim Souchu : « Je n’étais pas le plus talentueux mais un de ceux qui travaillaient le plus »

Ancien basketteur français, Karim Souchu, né en 1979 à Senlis, nous raconte son départ aux Etats Unis, sa carrière mais aussi sa vie de coach et d’entrepreneur. En bref un acharné de travail.

Vous avez démarré votre carrière en tant que basketteur professionnel à Dijon, à seulement 20 ans vous partez étudier et jouer à l’école Furman aux États-Unis pendant 4-5 ans, comment avez-vous eu cette opportunité ?

Ils sont venus me recruter en France par le biais de joueurs français qui étaient là-bas et qui avaient parlé de moi. Ils m’ont observé et j’ai eu des propositions de la part de plusieurs universités américaines. À l’époque c’était assez compliqué pour les jeunes de devenir professionnel en France. Maintenant c’est un peu plus ouverts avec les réseaux sociaux mais à l’époque, on nous avait dit que l’on ne pouvait pas espérer devenir pro. J’ai donc fait le choix de partir aux États Unis et de poursuivre ma formation là-bas.

Pouvez-vous m’en dire plus sur cette période aux États-Unis ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Et que pouvez-vous me dire sur cette l’université ?

Humainement, beaucoup de choses. Cela m’a aussi été bénéfique au niveau des études parce que j’ai obtenu une licence. Sportivement, c’était une continuité. Ça a été un lien parfait entre mes années espoirs et le milieu professionnel.

Qu’est-ce qui était différent par rapport à Dijon au niveau basket (infrastructures, ambiances en match..) ?

L’intensité. Tout se fait avec une intensité supérieure là-bas. Après je pense que dans les fondamentaux purs on est meilleurs en Europe et en France notamment, mais là-bas je peux vous dire qu’en intensité ils sont au-dessus. Au niveau des infrastructures, il n’y a pas photo. Là-bas, il y a des stades de 15 000/20 000 places dans les universités. C’est ce qui fait un peu la différence quand les universités viennent recruter les jeunes ici. On leur vend du rêve mais le rêve est réalité quand on voit les infrastructures qui sont en place pour accueillir et accompagner les joueurs.

Karim Souchu à l’université Furman
PICARDIEBASKETPATRIMOINE

Est-ce que vous encouragez les jeunes basketteurs à y aller ?

Ça dépend des profils des joueurs et aussi de leurs projets. On voit aujourd’hui qu’en ligue professionnelle, il y a 5 voire 6 américains par équipe. Quel projet peut-on proposer à des jeunes dans ce contexte-là ? Si l’on parle de Pro A, rare sont les coachs qui sont dans la formation car il y a une obligation de résultat. Malheureusement, ça reste assez compliqué pour les jeunes d’avoir une vision à court terme.


À quel moment vous vous êtes rendus compte que vous pourriez faire carrière ? Que c’était une opportunité professionnelle pour vous véritablement


À partir du moment où j’étais aux États Unis. Quand je revenais l’été en France, notamment au sein de l’équipe de France A’ (La deuxième équipe de France derrière la A), je commençais à avoir de bons résultats, et j’avais souvent des contacts avec des clubs français ou étrangers.

N’avez-vous pas eu envie de rester aux États Unis ?

J’aurais bien voulu mais à l’époque c’était difficile. C’était moins ouvert qu’à l’heure acutelle. Les gars comme Tariq Abdul-Wahad ou Tony Parker ont ouvert la voie. Mais c’était vraiment difficile, il n’y avait pas les réseaux sociaux et tout cet engouement autour des joueurs que l’on a grâce à internet. Aujourd’hui, ça serait peut être indifférent.

Vous avez ensuite eu une belle et longue carrière, en passant par Lyon-Villeurbanne, Liège, Limoges ou votre fin à Poitiers en 2014, mais aussi Chypre, tout cela sur une durée de 13 ans. Pour vous, quel est le secret de la durabilité ?

Pour durer, il faut avoir la volonté de toujours vouloir rester au top, prouver que l’on est là, que l’on a le niveau. C’est une mentalité. C’est quelque chose que les États Unis m’ont appris. Il faut travailler quotidiennement, ne pas se laisser aller l’été. Moi j’étais déjà à l’époque de ceux qui prenaient un préparateur physique l’été, ça fait la différence. J’étais un acharné du travail, pas le plus talentueux mais un de ceux qui travaillaient le plus.

Et quel est le moment le plus marquant de votre carrière, s’il fallait en garder qu’un en mémoire ?

Les titres de champion de France avec les Espoirs à Dijon, ça a été de grands moments. C’est aussi ce qui a un peu scellé mon destin pro. Sinon, mon départ pour les États Unis et les 4 ans que j’ai fait là-bas, c’était marquant aussi. Après, chaque saison en pro à son lot d’émotions. Le monde professionnel c’est différent, c’est la pression, c’est les résultats, mais globalement, je ne garde que du positif de ma carrière.

Karim Souchu avec le maillot bleu
FFBB

En 2003, vous avez aussi connu l’équipe de France, avec 12 sélections au total, qu’est-ce qui est différent ? Quels souvenirs en gardez-vous ?

C’est une fierté, l’équipe de France est une fierté pour n’importe quel joueur. On représente le pays, pour moi, c’est un de mes plus beaux souvenirs. Je le vois encore aujourd’hui dans le coaching des équipes de France de 3v3. J’ai cette chance de l’avoir vécu en tant que joueur et de le vivre en tant que coach aujourd’hui. 

Et plus globalement, quels conseils avez-vous à donner aux jeunes qui rêvent de devenir basketteur, pour réussir dans le basket ?

La persévérance. Après comme je le dis souvent, ce n’est pas parce que l’on nous dit que l’on ne peut pas faire quelque chose, qu’il faut en tenir compte et se dire que l’on ne peut pas y arriver. J’étais très déterminé, j’ai cru en mon rêve et en mes capacités. Il ne faut pas lâcher, faire preuve de beaucoup d’abnégation et de patience.

S’il a eu un belle carrière dans le basket à 5 contre 5, Karim Souchu s’est aussi mis au 3 contre 3 (3X3) et à l’entrepreneuriat. 

Karim Souchu avec l’équipe de France de 3X3

À la fin de votre carrière, vous avez également était médaillée d’argent au championnat du monde en basket 3X3 en Grèce, d’où vient cette envie de pratiquer cette discipline ?

C’est une discipline qui est en train de prendre de l’ampleur. C’est une des priorités de la fédération maintenant que c’est devenu olympique. Lors des tout premiers championnats du monde, on a eu de très bons résultats. Depuis que je suis dans l’encadrement, on a continué et chaque été on a des médailles. J’ai connu de grands moments en tant que joueur avec le 3X3 et j’en connais autant en tant que coach aujourd’hui.

Pour vous, qu’elles sont les différences entre le 3X3 et le 5X5 ? Quelles sont les qualités les plus importantes pour être un bon basketteur de 3X3 ?

Pour le 3X3, le rythme est très important. C’est un rythme très élevé, au niveau cardio, cela n’a rien à voir. Ça demande une plus grande autonomie des joueurs, il faut que les joueurs aient une bonne alchimie et soient polyvalents, qu’ils sachent tout faire sur un terrain et aient un gros QI basket.

Comment évolue cette discipline à l’échelle française ? Est-ce que par exemple, vous y notez des évolutions depuis votre titre en 2012 ?

Il y a un intérêt de plus de plus important de la part des joueurs et ce n’est que bénéfique pour la discipline. On est de plus en plus considérés au sein de la fédération. La principale évolution est là.

Vous êtes maintenant entraîneur de l’équipe de France de basket en 3X3 depuis plus de 2 ans aussi bien masculin que féminin, le fait d’entraîner était une suite logique pour vous, où vous avez eu une proposition pour le faire ?

Pour moi, c’était une suite logique. J’ai la volonté de transmettre mon expérience aux jeunes talents. Il y a beaucoup de jeunes talents qui ne demandent qu’à être développés. On a un réservoir de joueurs qui est assez impressionnant et ça serait dommage de s’en priver parce que cela nous permet de briller chaque année.

Open de France 3X3
FFBB

La discipline est intégrée pour la première fois aux JO 2020, quelles sont vos ambitions ? Est-ce que vous pensez que la France peut allez chercher une médaille ?

Les ambitions seraient déjà de se qualifier. Avec les filles, c’est jouable mais avec les garçons c’est un peu plus compliqué parce que l’on a pas encore d’équipes professionnelles de garçons dédiées au 3v3. On n’a pas la possibilité comme certains pays de ne faire que ça l’été. La majorité de nos joueurs viennent du 5v5 et les clubs ne les libèrent pas toujours. Si l’on peut qualifier les deux équipes ça serait génial, mais ça risque d’être compliqué.

Dans certains pays, il y a des joueurs qui ne pratiquent que le 3X3, même en club ?  

Exactement. Il y a un circuit pro qui a été mis en place par la FIBA (Fédération internationale de basketball). Certains pays ont misé sur ce format pour développer le basket comme par exemple les serbes qui dominent le 3v3 depuis 7 ans maintenant. Aujourd’hui, les joueurs serbes de 3v3 gagnent plus que certains joueurs de 5v5.

Vous avez également crée l’entreprise Hoopz en 2012, pouvez-vous nous en dire plus ? Quel était l’objectif ?

L’objectif était de lancer une activité autour du basket et de l’organisation d’événements. Organiser des tournois, des séminaires autour du basket et de faire participer les entreprises. Souvent, on se rend compte qu’il y a beaucoup de corrélations entre le sport de haut niveau et dans le monde de l’entreprise. J’ai été sollicité par des entreprises qui me donnaient des thèmes à aborder avec leurs employés. Cela permettait de mettre mon expérience d’ancien joueur pro au service de ces entreprises et généralement, ça s’est très très bien passé.

Nous sommes le 22 février 2019, qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter pour la suite ?

Beaucoup de succès ! Des jeux olympiques 2020 avec 2 équipes et ce sera déjà très très bien.

Merci à Karim Souchu @souchu43 pour sa disponibilité.

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