Jimmy Butler posant pour la première fois avec les couleurs des Philadelphia 76ers. Crédit : @sixers
Jimmy Butler a enfin quitté le Minnesota pour rejoindre Philadelphie, en échange notamment de Dario Saric et Robert Covington. Mais une question brûle désormais les lèvres chez les Sixers, voire au sein de toute la NBA : est-ce que l’arrière All-Star peut réussir son retour en conférence Est dans ce big three composé de lui, Ben Simmons et Joel Embiid ?
Une question de leadership
La première interrogation semble évidente : est-ce que les trois stars de Philly peuvent cohabiter et former une équipe pour atteindre les sommets de la conférence Est ? Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, Joel Embiid n’a pas sa langue dans sa poche, en plus d’être ambitieux. Le pivot camerounais affirmait en pré-saison viser le titre de MVP. Une manière subtile de s’imposer comme le mâle alpha, alors que Ben Simmons n’a pas forcément moins de talent et de capacités à impacter le jeu que lui. Ajoutez à cela le sale caractère de Jimmy Butler, imbattable au jeu du plus con comme il l’a prouvé ces dernières semaines, et vous avez un sulfureux vestiaire.
Ce n’est pas un problème, mais une problématique. Le coach Brett Brown devra s’assurer que les trois hommes se comprennent et établissent une hiérarchie cohérente. On peut se rassurer en pensant que Jimmy Butler, en fin de contrat, a rejoint Philadelphie dans l’optique de signer un nouveau contrat l’été prochain, au sein d’une équipe qui peut l’emmener au sommet de la NBA. D’autant plus qu’à 29 ans, l’ancien des Chicago Bulls n’a plus vraiment de temps à perdre s’il veut décrocher un titre. Malgré son énorme confiance en soi, Embiid (24 ans) a su montrer du recul et de l’humilité dans ses mots, comme lorsqu’il constatait que les Celtics leur avaient «botté le cul» en début de saison. Les signaux semblent au vert en matière de leadership.
Une question de jeu
Après la hiérarchie du leadership, il y a celle des tickets shoot : qui prendra le plus de tirs à Philadelphie et qui prendra les tirs importants en fin de match ? En toute logique, Butler se contentera de récupérer les tirs de Saric (10 tentatives par rencontre) et Covington (9 par match) pour atteindre un total similaire à celui d’Embiid (18,6). Simmons, qui dispose de qualités inférieures au scoring et s’épanouit dans son rôle de distributeur (7,7 passes décisives par match). Il faudra forcément des petits ajustements, car si Butler récupère les tirs de deux joueurs, cela veut dire qu’un autre joueur du cinq majeur ne shooterait jamais… Pour ce qui est des possessions en fin de match, cela devrait dépendre de l’adversaire et de la forme d’Embiid ou Butler. A eux de se montrer intelligent, voire altruiste de temps en temps.
Mais une autre question essentielle émerge : quel est le cinq majeur des Sixers ? Considérons que Embiid (pivot), Simmons (meneur) et Markelle Fultz (arrière) ne bougeront pas. Deux options s’offrent alors à Brett Brown. La première est d’installer Butler au poste d’ailier qu’entretenait Covington, ce qui conviendrait tout à fait à l’ex-joueur des Timberwolves. Puis de promouvoir Mike Muscala au poste d’ailier fort. L’autre possibilité, plus sexy : oublier le poste d’ailier fort et considérer Embiid comme le seul intérieur en titularisant l’arrière spécialiste des tirs à 3 points, J.J. Redick, qui évolue en sortie de banc cette saison.
Le problème de cette option serait le suivant : Redick, qui prend 14,5 tirs par match, pourrait régulièrement se retrouver sur le parquet en même temps que Butler et Embiid. De quoi se marcher sur les pieds au scoring. Brown pourrait même tout chambouler et installer Fultz sur le banc, responsabilisant ainsi le jeune (20 ans) meneur/arrière en faisant de lui le leader des remplaçants. Il faudra peut-être tâtonner pour trouver la bonne solution, mais mieux vaut avoir des problèmes de riche.
Les premiers matches de Jimmy Butler sous les couleurs de Philadelphie fourniront un début de réponse à toutes ces interrogations. La saison régulière est encore longue et l’objectif des Sixers se révèle plus clair que jamais après ce transfert : le titre de champion de la conférence Est. On n’en est pas encore au «maintenant ou jamais», bien au contraire. Mais Philadelphie s’est donné les moyens de ses ambitions. Plus qu’à «trust the process».