Houssem Aouar après son but face à Monaco(3-0) / Crédit : Eurosport
Sans le savoir, un soir de juin 1998, entre le dernier match des poules des bleus, et le quart de finale en coupe du monde contre l’Italie, une future pépite naissait près de Lyon, une pépite de plus dans un centre de formation qui rayonne à l’échelle internationale, celui de l’Olympique Lyonnais.
De l’AS Tonkin Villeurbanne à l’idylle
Avant de rejoindre le centre de formation lyonnais, Houssem foule les pelouses de l’AS Tonkin Villeurbanne à partir de 2006. Il rejoint le centre lyonnais 3 ans plus tard, en 2009, le début d’une histoire, longue histoire sans tromperie, où Houssem a gravi les échelons avec respect, humilité, mais surtout un talent manifeste que ses coéquipiers et entraîneurs ont décelé rapidement. C’est le cas de son premier entraîneur, Fabrice Bernard : « la première fois que je l’ai vu jouer, c’était au city stade. Il était tout petit, mais tous les grands du quartier le choisissaient dans leurs équipes, ils avaient compris qu’il avait un truc ». La pépite de l’OL continuera de grimper, pendant 5 ans, en étant toujours surclassée ou presque, ses éducateurs lui prédisent un avenir radieux très rapidement. Lorsque Houssem arrive en U17, c’est une métamorphose, il prend une autre dimension en terminant la saison à 26 buts et 15 passes décisives. Un ratio fabuleux pour un… milieu de terrain. En juillet 2016, H.Aouar tourne une page, page d’un livre encore fin, mais un livre voué au succès. C’est son premier contrat pro. La saison qui suit, il intègre le groupe au fil du temps, se contente de bout de match, mais il évolue la plupart du temps avec la réserve de l’OL. Et Houssem Aouar saisit les opportunités, il met tout en œuvre pour, et il réussit. Bruno Genesio lui laisse sa chance en pro en 16ème de final aller d’Europa League face à l’AZ Alkmaar(1-4). Il enchaînera 1 semaine plus tard, au match retour, avec son tout premier but avec son club formateur(7-1).
Lors de la saison 2017-2018, nouveau chapitre. La France découvre un artiste, et surtout le talent d’un espoir du foot français. Bien intégré au groupe et heureux successeur du n° 8 de Corentin Tolisso partit au Bayern, le jeune de Villeurbanne inscrit un nouveau but lors de sa première titularisation, récompense d’un travail acharné depuis l’adolescence, sur les terrains lyonnais, couleur qu’il arbore fièrement. La suite n’est que succès, et prestations de grandes classes. Ce qui n’a d’ailleurs pas échappé à Pep Guardiola qui, après la double confrontation en ligue des champions entre Manchester City et l’OL, est allé personnellement féliciter le jeune lyonnais à la fin du match, avant de souligner son talent en conférence de presse « Houssem est un très bon joueur. Il est incroyable. On parle beaucoup de Ndombele mais Houssem a beaucoup de talents, il est toujours très calme et il a une bonne vision ». Un talent qui n’est pas passé inaperçu pour Sylvain Ripoll, entraîneur de l’équipe de France espoir où il est devenu joueur clé. De quoi nourrir des ambitions grandissantes, pour un jeune qui n’a que 20 ans.
Aouar touch’s : l’essence même du football
Johan Cruyff disait : « Jouer au foot, c’est très simple, mais jouer un football simple est la chose la plus difficile qui soit ». Pour jouer un football simple, il faut avoir le geste juste, avoir cette capacité à lire le jeu plus rapidement que les autres et prendre la bonne décision. La notion du QI footballistique entre en jeu. Et cette notion, le jeune joueur lyonnais l’a comprise et intégrée très rapidement, d’une façon presque innée. C’est peut-être ce qui le sublime, le rend singulier. Une intelligence de jeu qui définissait si bien Zinedine Zidane, idole du petit Houssem. Mais son talent ne se mesure pas à cette faculté, Aouar c’est l’élégance, la pureté technique, l’aisance balle au pieds, l’amour du ballon, relation fusionnelle qu’il entretient depuis tant d’année. Houssem c’est le profil de joueur que l’on trouve rarement, le joueur qui ne fera pas la différence par son physique, et qui assume même d’éviter le contact, qu’il ne pense pas obligatoire vu sa façon de jouer, son langage football. Une chose qu’il revendiquait déjà tout jeune, comme on le voit sur cette courte vidéo :
C’est une preuve indéniable qu’avec l’intelligence et une grande qualité technique, on peut faire de grandes choses sur un terrain de foot. L’art du contournement, de la prise d’espace, l’art de tenir le ballon, tout en gardant son sang-froid. Dans des centres de formations toujours plus sélectifs, où les ressources physiques sont toujours plus importantes, Houssem en est l’antithèse. Cela ne l’empêche pas de progresser vitesse grand V dans ce domaine, puisque le Français tient de mieux en mieux sur ses jambes, lui prendre la balle est chaque jour plus difficile. C’est la raison pour laquelle il est l’une des clés de l’OL, une clé polyvalente, puisque l’entraîneur lyonnais l’a utilisé sur presque tous les postes possibles en attaque, après seulement 2 années de carrière professionnelle.
Un statut qui change
À ses débuts avec l’OL, en plus d’excellentes performances avec l’équipe réserve, Houssem profite de circonstances favorables : blessés et suspensions au poste de milieu de terrain jouent un rôle considérable dans le choix de Bruno Genesio. Mais aujourd’hui, il est l’un des architectes de l’équipe, un joueur majeur, qui a su s’adapter rapidement au milieu professionnel. L’année dernière, sur sa seule saison pleine, Houssem termine dans le top 4 des joueurs convoqués pour le trophée UNFP du meilleur jeune de la saison en Ligue 1, de quoi s’attirer les projecteurs. Il arrive que certains joueurs, malgré un potentiel et talent qui ne se discutent pas, ne réussissent pas à convaincre à l’échelle internationale, des joueurs absents dans les grands matchs, un statut qui colle parfois à la peau. Mais Houssem a réussi à démontrer le contraire, et dès le départ, quelque soit l’adversaire Aouar est au rendez-vous, lorsqu’il a fallu enfiler le costume de sauveur, comme lors de la 17ème journée de Ligue 1 la saison passée, avec un doublé à Amiens qui sauve l’OL d’un match mal embarqué. Sur l’année 2018, il n’a su que prouver et justifier son nouveau statut. Matchs décisifs, performances de grandes classes, des buts contre l’OM, Monaco( sur la dernière journée). S’ensuit des prouesses sur les deux matchs face à Manchester City, et même en Équipe de France U21( buteur sur la dernière rencontre). En cette fin d’année 2018, Aouar bouleverse le football européen. Nabil Fékir étant en dessous de ses performances habituelles, c’est Houssem qui prend en main le jeu lyonnais depuis plusieurs matchs. Il est celui qui fait les différences pour combler ce manque, participant dans un même temps grandement à la qualification de l’OL en 1/8 de finale de ligue des champions. Des performances depuis son arrivée dans le monde professionnel exceptionnelles, illustré par un bilan qui ne trompe pas :
La carrière du joyau lyonnais semble prendre un chemin voué au succès. Mais il n’a que 20 ans, et des petits défauts à corriger, comme sa façon de tenir le ballon qui parfois, peut entraîner des pertes de balles très dangereuses. La gestion du risque, du danger, sont des perspectives d’améliorations, mais difficile de s’inquiéter quant un son avenir, l’avenir d’un joueur habitant encore chez sa mère, et à qui Chelsea, Liverpool, Manchester City ou Barcelone lui font les yeux doux.